Hommage à M. Mario Lévesque

Hommage à monsieur Mario Lévesque, lu par sa soeur, à la chapelle de la Maison Fournier, le vendredi 26 août 2022, jour de la célébration commémorative. HOMMAGE À MARIO C’est avec beaucoup de chagrin que nous voyons partir Mario pour ce long voyage qui demeure un grand mystère pour le commun des mortels. Je veux d’abord, au nom de la famille, offrir à Marlène, à Éric, Nathalie et Bruno nos plus profondes sympathies et l’assurance de notre soutien fraternel en cette rude épreuve. J’aimerais aussi souligner le dévouement indéfectible de Marlène auprès de notre frère au cours de cette impitoyable maladie ainsi que le courage dont Mario lui-même a fait preuve au cours de cet épisode fort éprouvant. Enfin, je veux remercier Nathalie qui m’a fourni des notes très inspirantes pour rédiger cet hommage. Je voudrais d’abord vous faire part de quelques anecdotes qui ont marqué son enfance au Lac-Humqui. Très tôt, il s’est intéressé aux automobiles. Mon père possédait alors une petite voiture anglaise, un «Morris Minor». Il nous arrivait, Mario et moi, de jouer dans la voiture garée dans une pente devant la maison. Un dimanche après-midi, où nous prenions place dans la voiture, voilà que Mario actionne le levier de vitesse. Arriva ce qui devait arriver : l’auto recula dans la pente en accélérant. Notre conducteur novice ne s’énerva pas pour autant. Pendant que je criais au secours, lui manipulait le volant, si bien que nous avons bifurqué latéralement pour nous arrêter dans une clôture de l’autre côté de la route. Heureusement, car en ligne droite, c’était le lac. Au cours de ses premières années scolaires, il devint servant de messe. Il fallait le voir avec son beau surplis et sa belle soutane confectionnés par maman. Cependant, au grand déplaisir du curé de la paroisse, il laissait souvent traîner son surplis dans la sacristie, si bien qu’un jour, le curé l’a caché. Mario en fut quitte pour le chercher, ce qui devait lui donner une leçon. Servir la messe était aussi une fonction exigeante pour un jeune enfant. Il devait se lever très tôt le matin pour la messe de six heures mais il n’a jamais rechigné à le faire. À cette époque il disait vouloir faire un pape. Si au cours des dernières années vous l’avez vu pêcher sur le Lac-Humqui, sachez qu’enfant, il accompagnait fréquemment monsieur Zéphir Saint-Gelais à la pêche aux touladis et en revenait avec de forts belles prises, parfois plus importantes que celle de son compagnon de pêche. Puis, en octobre 1956, nous sommes déménagés sur la ferme à Saint-Léon. Là, sa remarquable débrouillardise a été des plus utiles à la famille. Il a su bien épauler nos parents. Sa légendaire ingéniosité fut mise à profit pour bien des tâches. Par exemple, il attelait un petit bœuf pour rentrer le bois de chauffage. Mario était un enfant plutôt distrait. Pour preuve, en 1957, un an après notre arrivée à Saint-Léon, notre école fut détruite par un incendie durant la nuit. Le lendemain Mario partit pour l’école et c’est à mi-chemin qu’un passant lui fit remarquer qu’il n’y avait plus d’école. Mario aimait rire et faire rire. C’était un conteur-né. Selon Nathalie, quand il leur racontait des histoires, c’était dans les moindres détails. Possédant une mémoire phénoménale, il pouvait monologuer pendant des heures sans lasser le bon public qu’était sa famille. Il avait une imagination des plus fertiles pour faire des blagues et changer entre autres les paroles de chansons ou pour imiter les petits travers des uns et des autres. Quand ses récits accrochaient ou que ses farces provoquaient les rires, il en ajoutait sûrement un peu, question de maintenir l’hilarité générale. Nathalie m’a aussi souligné qu’au cours des derniers moments de sa vie, il savait encore rire et faire rire trouvant même le tour de tourner en dérision sa maladie et son état de santé. Mario était un homme des plus habiles et ce, dans plusieurs domaines. La mécanique, la plomberie, la menuiserie, l’électricité n’avaient plus de secrets pour lui. Toutes ces activités, il les exerçait avec le souci de les réaliser à la perfection et était toujours prêt à défaire et à recommencer s’il n’était pas satisfait du résultat. Il en aura rénové des maisons au cours de sa vie. Mario avait le cœur jeune. Il s’est bien adapté à la nouvelle technologie comme le signalait Nathalie dans les notes qu’elle m’a remises. Très tôt, il démontrait un grand intérêt, pour ne pas dire une passion, pour les automobiles ou autres véhicules motorisés. On ne saurait calculer le nombre imposant de voitures qu’il a possédées et réparées. Les machines agricoles ont également fait partie de cette panoplie. Il a été le premier opérateur d’une moissonneuse-batteuse à Saint-Léon, travaillant parfois jour et nuit, étant donné que c’était la première et la seule machine dans la paroisse. Mario a été un fonceur et surtout un bon vendeur. Comme me le disait Nathalie, il y a quelques mois, mon père était tellement bon vendeur, qu’il a réussi à me faire croire qu’il n’était pas malade. C’était un homme très travaillant. On l’a vu mécanicien sur la Côte-Nord puis, revenu dans sa région natale, monter un commerce de distributions de bijoux et autres articles dans différents commerces de Gaspé à Rivière-du-Loup. Un peu plus tard, avec sa conjointe de l’époque, ils ont fondé Le Journal du BRICK À BRACK. Les habiletés manuelles de Mario ont permis d’installer des locaux très fonctionnels au sous-sol de leur résidence pour s’adapter à l’essor rapide de ce commerce. Il a aussi tâté brièvement de la politique en se faisant élire maire de Saint-Léon. À cet égard, il est particulièrement fier d’avoir bloqué avec son Conseil municipal un projet de porcherie. En témoignent, deux publications de L’Avant-Poste conservés précieusement dans ses souvenirs l’une qui rapporte les faits, et l’autre, une lettre de félicitations d’une lectrice. C’était quelqu’un qui aimait la vie. Il se disait satisfait de celle qu’il avait vécu et l’a manifesté au cours des dernières semaines passées auprès de ses proches. Bref, bien qu’il aurait sans doute souhaité continuer sa route, nous pouvons croire qu’il a été heureux et qu’il a profité de cette vie. C’est une consolation pour nous tous. Nous garderons donc de toi Mario, le souvenir d’un bon vivant et j’emprunte ici, en les paraphrasant,les paroles de Saint Exupéry au moment où son Petit Prince retourne sur son étoile: « Les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes (…) Quand nous regarderons le ciel, la nuit, puisque tu habiteras dans l’une d’elles, puisque tu riras dans l’une d’elle, alors ce sera pour nous comme si riaient toutes les étoiles. (…) Et quand nous serons consolés (on se console toujours) nous serons contents de t’avoir connu. » Tu seras toujours notre frère, notre ami. Quelqu’un qui nous fut très cher. Bon séjour sur ton étoile très cher Mario!
